Voici le compte-rendu de Brigitte, qui va faire regretter la visite à tous ceux qui n’y étaient pas :
Fermez les yeux et imaginez une bâtisse, fin 19ème-début 20ème, plantée là dans l’îlot d’Agde et agrémentée d’un grand jardin de 12 hectares autrefois vignoble.
De chaque côté le canal du midi, l’Hérault, la voie de chemin de fer.
Mais déjà votre regard est accroché par le fronton aux colonnes de marbre couleur anthracite posées là de façon asymétrique ; coquetterie de l’architecte, du propriétaire ? Non, il s’agit de faire vivre cette façade et de mettre en évidence les fresques qui accueillent le visiteur. On est loin des palais romains au front audacieux dont Du Bellay parle.
Sous ce fronton, une lourde porte d’entrée en bois, dont le guide, petit sourire aux lèvres, détient jalousement la clé (il sait, lui, ce qu’il y a derrière cette porte ! ).
Une fois la porte passée, puis le vestibule et le hall d’entrée, les salles se succèdent au rythme du récit du guide. Tous nos sens sont saisis : festival de couleurs rouge-grenat , roses, verts, jaunes, bleus… foisonnement de dessins, mosaïques, motifs délicieux, vitraux somptueux, plafonds en forme de voûte, fresques… ouvertures de portes de forme ovoïde (hum… décidément le propriétaire adore les femmes)…. inspirations orientales, … égyptiennes,…bucoliques,… affolement des sens, vous ne savez plus, ouf ! Le syndrome de Stendhal pointe son nez…
C’est un régal, un enchantement, un éblouissement… Des Oh! Ah! ponctuent chaque découverte de nouvelle salle … reprenez vos esprits …
Et oui le propriétaire est un personnage atypique par sa vie : coups du sort ou synchronicité des événements, il a hérité par deux fois à quelques années d’intervalle d’une immense fortune (merci grand tonton et papa !). Alors il a décidé de faire un grand voyage, tour du monde, a traversé pleins de pays aux cultures, mœurs différentes. A son retour, il a projeté de faire construire et décorer par des artistes talentueux ce château et d’y investir toutes ces idées de belles choses glanées de ci de là, au gré du voyage… Le résultat est là, incroyable. (Bravo les gars, ouvriers, artisans, petites mains… on adore)
Et pourquoi ce château ? Là, on découvre un homme fabuleux : pour en faire un palais de plaisirs !! Le palais des Mille et une nuits festives, version agathoise. Par ma foi, loin du fracas du monde (première guerre mondiale), s’adonner aux fêtes, en voilà une idée qu’on peut comprendre !
Vous avez toujours les yeux fermés ? Écoutez l’écho des rires, des chocs de vaisselle, des discussions, des piétinements des invités et des valets, des vêtements froissés, des cris, gémissements de plaisir, chuchotements, musique, les trains qui passent… et puis le silence tombe. Alors, humez aussi les parfums lourds, capiteux, les odeurs de nourriture, vapeurs d’alcool, d’opium… L’ombre d’Éros rôde…
Sacré bonhomme cet Emmanuel Laurens ! Bardé de diplômes, il cultivait les plaisirs de la chair mais aussi de l’esprit, il aima une diva et s’adonna aux expériences de physique-chimie dans son laboratoire (encore une pièce magnifique ; la dernière visitée, last but not least !
La porte en bois se referme :
Ouvrez les yeux,
vous savez maintenant.
Alors, n’attendez pas, foncez tambour battant !
Au Château Laurens