En 2005, le conseil municipal d’Aigaliers a proposé à l’association Aphyllanthe de travailler sur la mémoire des anciens charbonniers, désireux de transmettre leur histoire. Les partenaires institutionnels du Contrat Educatif Local, le Conseil Général et Jeunesse et Sport se sont engagés dans le projet et l’ont financé. Le pays Uzège Pont du Gard a apporté son aide technique par l’intermédiaire de Jennifer Gomez, chargée de mission patrimoine et le recrutement d’une stagiaire du Master Valorisation et Médiation des Patrimoines de l’Université Paul Valéry de Montpellier. Devant l’ampleur et l’intérêt grandissant pour le projet, le Contrat Educatif Local d’Aigaliers, Baron, Foissac a pris le relais pour la coordination, entraînant ainsi la participation des associations, Aphyllanthe, ABA, les Lutins et les Escoules, des enseignants et des élus locaux d’Aigaliers, Baron, Foissac auxquels se sont joints l’association du patrimoine de Baron et la bibliothèque de Foissac.
Ce vaste travail de collecte de la mémoire, s’est basé en tout premier lieu sur la récolte de témoignages ; à la fois des anciens charbonniers et des habitants qui les ont côtoyés quand ils exerçaient encore leur profession. Des bénévoles se sont chargés de récolter les témoignages des anciens charbonniers et des adolescents ont photographié les anciens outils, afin de mieux connaître leurs conditions de vie et leurs techniques de travail. L’association Aphyllanthe et les bénévoles ont pu recueillir treize témoignages. Huit enfants de charbonniers ont acceptés de raconter leur histoire : Edigio Cavagna, Ange Galizzi, Bernard Galizzi, Jean Galizzi, Dominique Licini, Claire Scanzi, Nathalie Scanzi, Albert Rondelli. Cinq témoins, des personnes qui ont vécu à la même époque que les charbonniers, ont été interviewés : André Balmassière, Lucien Espérandieu, Claude Girard, Gérard Joffre, Gilbert Grandjean. La récolte de la mémoire s’est faite grâce à des entretiens oraux enregistrés, mais les bénévoles ont aussi recueilli des objets, surtout des outils, et des photographies. Une fois les entretiens retranscrits, un travail de synthèse des données a été réalisé, en suivant une organisation thématique. La synthèse est le premier travail d’explication des sources, permettant d’avoir les données et les connaissances nécessaires pour de futures pistes de valorisation du projet. Le dossier présente à la fois la synthèse de ces sources, le canevas d’enquête, les partenaires du projet, des fiches d’identité des témoins, les photographies d’époque des anciens charbonniers, les photographies des outils réalisées par les enfants.
Jusqu’au milieu du XIXème siècle, l’activité de charbonnage est surtout pratiquée par les paysans et les artisans qui exploitent la forêt selon leur besoin et n’est pas encore considérée comme un métier à part entière. L’activité des charbonniers devient une spécialité au cours du XIXème siècle, d’abord aux mains des Auvergnats, puis à celle des Italiens. Cette spécialisation du travail par les italiens doit être mise en parallèle avec la vague d’immigration européenne, et plus particulièrement italienne entre les années 1870 et 1914. Les immigrés italiens de la commune d’Aigaliers, sont majoritairement issus de la région de Bergame. Les « Bergamasques » sont spécialisés dans le bûcheronnage depuis des siècles. Un seul des anciens charbonniers est originaire de la région de Toscane, à côté de Trente. La plupart des pères de famille sont venus au début du XXème siècle pour trouver du travail et faire les saisons. Ils repartent en Italie lors de la première guerre mondiale pour combattre dans l’armée italienne et fonder une famille. La misère liée à la crise sociale et économique italienne au début des années 1920 et l’instauration du régime fasciste par Mussolini les poussent à revenir en France.